Lablaque et Blanchard
Sylviane Henriet me paraît transfigurée. Pour un peu, son visage exprimerait la tendresse ; le maquillage sans doute. Sa voix est plus grave, ses lèvres plus charnues. Quand je m’étends sur le divan, elle se penche sur moi, me frôle, je sens son souffle, elle est parfumée au jasmin. Un trouble me saisit, à moins que ce soit Lablaque qu’il surprenne. J’ai une érection ou peut-être lui. Je me suis habitué à tout, me raser, me laver, uriner ou déféquer avec un corps étranger. Mais l’excitation sexuelle me rend toujours mal à l’aise. Cette verge raidie n’est pas la mienne, j’ai l’impression déplaisante d’être un imposteur. Pourtant, la sensation au creux des reins est délicieuse. Je ferme les yeux. Je vois Diana ou Lucietta… – À quoi pensez-vous ? La psychiatre a rompu le charme en une seconde ; je réponds bêtement : – Je me sens inquiet, Docteur. Que va-t-il se passer ? Un auteur se trouve englouti dans sa propre fiction, enfermé dans la peau d’un de ses personnages. Accusé de deux meurtres, il est interné dans un établissement de défense sociale. C’est là qu’une psychiatre l’interroge sur ses écrits, sous hypnose… Si Jean Blanchard, le journaliste local, avait su dans quelle situation inextricable l’Inspecteur principal, Christian Lablaque, le précipiterait, Jamais il n’aurait commencé à rédiger son roman naturaliste » Lucietta et Gilbert » ! Construit à la manière d’un puzzle temporel, » Lablaque et Blanchard » peut être lu comme un roman à la fois policier, fantastique, social, sentimental, régional…Certains y verront une réflexion sur l’acte d’écrire (et donc de créer) et sa relation avec la réalité, un peu comme si la pipe peinte jadis par Magritte se mettait soudainement à fumer. D’autres ne manqueront pas d’y déceler un voyage dans la conscience, une allégorie sur le perfectionnement de l’être. À chacun sa partition, à chacun son plaisir.
€ 17,00