Comme une étoile…

Une drôle de phrase, un matin, m’a traversé l’esprit. J’ai pris un crayon et l’ai notée : « Il n’y eut personne à la conférence que devait donner le professeur Vetski à l’université de L. ». Dérision, absurdité ! La phrase me poursuivit et l’orateur malchanceux prit corps en moi. Au fil des jours, je le façonnais, l’habillais, dessinais les traits de son caractère. Je le dotais d’une famille. J’ai imaginé qu’il venait du Nord, d’une ville mythique à la consonance dure : Sfang. Après l’avoir jeté dans un univers qui lui était étranger, je l’ai maintenu à L. contre son gré, assistant, impuissante, au flux des craintes qui l’assaillaient, car plus que de moi, n’était-il pas prisonnier de lui-même ? Fait curieux, ce monde, somme toute peu accueillant, il s’y attache malgré lui, jusqu’au jour où, comme une étoile…